L’invasion de l’Ukraine par la Russie est rapidement passée du stade de possibilité à celui de la réalité, et ce malgré tous les efforts diplomatiques des dernières semaines. Actuellement, l’incertitude demeure quant à savoir où s’arrêtera le président Poutine dans sa quête. Se contentera-t-il de simplement consolider la région déjà conquise de la Crimée ou ira-t-il plus loin en conquérant entièrement l’Ukraine? Et si c’était le cas, on pourrait alors se questionner sur ses véritables intentions. Souhaite-t-il reconstituer l’ex-URSS? Et si oui, quel sera le prochain pays à être envahi par les troupes russes?
Le territoire de l’Ukraine, ses sols riches et sa position géographique sont attrayants pour la Russie. Étant donné que l’Ukraine n’est pas membre de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), il semble peu probable qu’il y ait une intervention militaire en Ukraine de la part des États-Unis ni des autres pays membres de l’OTAN.
La suite est incertaine et tout porte à croire qu’il en dépendra des réponses des autres pays face à cette invasion de l’Ukraine. Guidés par les États-Unis, l’Union Européenne, la Grande-Bretagne, le Canada et plusieurs autres pays ont imposé des séries de sanctions visant à affaiblir économiquement la Russie espérant ainsi les dissuader dans leurs ambitions. Les sanctions annoncées n’ont, à ce jour, pas empêché l’invasion et d’autres sanctions suivront certainement selon l’état de la situation.
Que fera ensuite le président Poutine? Osera-t-il pousser sa conquête au-delà de l’Ukraine ? Des pays voisins sont en droit de s’inquiéter, d’autant plus que certains d’entre eux ne font pas partie de l’OTAN. Considérant les engagements des États membres de l’OTAN1 (30 pays membres), il semble improbable que la Russie s’en prenne à l’un de ces pays.
Malgré tous les pronostics des experts, il demeure très difficile aujourd’hui de prédire l’issue de cette invasion tant au plan politique qu’au plan économique.
Outre les conséquences humaines désastreuses pour l’Ukraine et pour les gens concernés, quels seront les impacts de cette guerre sur vos investissements ?
À court terme, il y a un consensus à l’effet que le prix de certaines matières tel que le pétrole, le gaz naturel, le titane, l’uranium, et même le blé, dont l’Ukraine est l’un des principaux producteurs à l’échelle mondiale peut augmenter substantiellement. En période d’incertitude, l’or devrait également s’apprécier puisqu’elle a toujours été considérée comme une valeur refuge.
En début de journée avant-hier, suite à l’invasion russe, le S&P500, le principal indice du marché boursier américain ouvrait en baisse de près de 2,5% pour finalement se terminer en territoire positif avec un gain de 1,50% alors que le Nasdaq s’est clôturé avec un gain de 3,35%2 . Pendant la même période, l’indice de la volatilité (VIX3 ) était en baisse de 2,26% avant-hier et de 9,0% à la clôture des marchés hier.
L’annonce de cette guerre a ébranlé les marchés financiers, malgré le fait que peu de personnes ont été réellement surprises puisque cette invasion était anticipée depuis un certain temps déjà par le Président Joe Biden.
À la fermeture des marchés hier, le S&P 500 terminait en hausse de 2,24% alors que les principaux indices boursiers Européens terminaient en hausse de plus de 3,5%. L’indice boursier canadien S&P TSX est quant à lui également à la hausse de 1,6%. Cette hausse des marchés semble être un signal que les marchés boursiers avaient déjà anticipé l’invasion Ukrainienne.
Bien que le passé ne soit pas garant de l’avenir, il est toujours intéressant de visualiser les conséquences sur les marchés lors de perturbations importantes. Les principales perturbations4 géopolitiques récentes ont causé en moyenne une baisse de 1,2% du S&P500 la journée de l’événement pour atteindre un creux moyen de 5%. Pour ces événements, le temps de récupération des marchés a été de 47 jours en moyenne.
Par exemple, lors de l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais le 7 décembre 1941, les marchés ont baissé de 3,8% cette journée-là pour atteindre un creux de 19,8%. Il aura alors fallu 307 jours pour récupérer et se situer au niveau d’avant l’attaque. Il s’agit du pire épisode de notre histoire moderne. Lors de l’assassinat de J.F. Kennedy, le 22 novembre 1963, les marchés fléchissaient de 2,8% pour rebondir le lendemain au niveau d’avant l’événement. Plus récemment, lors de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, les marchés ont baissé cette journée de 4,9%, pour atteindre un creux de 11,6% et revenir au même niveau après seulement 31 jours.
Voici quelques conseils à suivre en cette période d’incertitude :
1. À moins que vous n’ayez besoin d’argent à court terme, vendre et sécuriser vos placements à ce stade-ci peut être l’une des erreurs les plus coûteuses de votre vie.
2. Prenez du recul vis-à-vis l’actualité et ne vous laissez pas emporter par l’émotivité car elle est mauvaise conseillère.
3. Vous aviez établi une stratégie pour vos placements, alors gardez le cap pendant cette période d’incertitude, votre patience sera récompensée.
4. Historiquement, les meilleures opportunités d’investissement ont été lorsque la peur était à son plus haut. Profitez de cette période pour investir, si bien sûr votre horizon de placement est à long terme et que vous êtes prêts à accepter que les marchés puissent baisser encore à court terme.
Rappelez-vous que la veille de l’attaque terroriste aux États-Unis du 11 septembre 2001, le principal indice boursier américain, le S&P500 fermait à 1059,78 points alors qu’il s’est clôturé à 4384,655 hier. Il s’agit d’une croissance de 414% et pourtant, pendant cette période, les États-Unis et le monde entier ont vécu plusieurs guerres et conflits.
Daniel Massé, B.Sc., Adm.A.,Pl. Fin., RIS
GFM Groupe Financier
[1] Liste des pays membres de l’OTAN : États membres de l'OTAN — Wikipédia (wikipedia.org)
[2] Sources Bloomberg
[3] Voir notre blogue du 26 mars 2020 GFM - Groupe Financier | Le marché a-t-il atteint le creux ? (gfmgroupe.com)
[4] Source : How the Modern Stock Market is Affected by War (investopedia.com)
[5] Source Yahoo finance